Covid 19 : Si on ne fait rien, c'est pire.

25 septembre 2020
Covid 19 : Si on ne fait rien, c'est pire.

Interview sur France Bleu Hérault

Vous nous disiez donc il y a deux minutes Michaël Delafosse que vous compreniez les mesures annoncées par Olivier Veran mercredi, contrairement peut-être à d’autres élus. C’est quelque chose que l’on entend un peu comme un bruit de fond depuis quelques semaines. On paie l’insouciance de l’été dit-on, de ces jeunes qui ont fait la fête dans les bars sur la côte, sur les plages. Vous-êtes d’accord avec ça ou c’est injuste et stigmatisant ?

D’abord, une immense majorité des gens ont respecté les gestes barrière. A Montpellier, de nombreux restaurateurs ont fait des efforts, ainsi que les bars. D’ailleurs, avec la municipalité, on a pris la décision de soutenir cette activité en exonérant de droits de terrasses, en autorisant des extensions pour garantir le mètre.

Hélas, il est à déplorer qu’une minorité d’établissements n’ait pas joué le jeu, n’ait pas fait preuve de responsabilités. Évidemment, quand il y a ce manque de responsabilité, l’épidémie se diffuse ; c’est profondément regrettable. 

 

Ce n’est pas que certains de ces établissements dites-vous, c’est aussi la clientèle, il faut le reconnaitre. Il y a eu cette insouciance estivale.

Après le déconfinement, il y a eu, peut-être, un petit peu de relâchement.

J’observe qu’une immense majorité des gens a adopté les gestes barrière et j’invite à continuer cet effort de responsabilité pour essayer de bloquer la progression de l’épidémie. Nous devons le faire, nous pouvons le faire. Parce que le prochain stade, c’est rouge écarlate et ce sera un confinement. Donc ça repose sur notre responsabilité. On ne peut pas avoir applaudi les personnels hospitaliers et par une forme de relâchement ou d’irresponsabilité, à nouveau, les mettre en tension, à nouveau les mettre en difficulté car aujourd’hui dans les services de réanimation, c’est l’inquiétude des professionnels pour prendre en charge les patients. Les patients du COVID mais pas qu’eux, les patients à qui on a retardé l’opération et qui sont, actuellement, au CHU et qu’il faut pouvoir prendre en charge dans les meilleures conditions.

Donc, c’est pour nous, pour les professionnels de santé, et c’est aussi pour tenir car il n’y aurait rien de pire qu’un nouveau confinement.

 

Michaël Delafosse, la Foire de Montpellier annulée, on le sait depuis hier soir, les salles de sport, les salles municipales fermées pour 15 jours. Finalement tout l’effet un peu festif de notre société est réglementé. Pas les écoles, pas les entreprises, et du coup est-ce que vous comprenez, ce qui disent : « quelque part on nous prive aussi un peu de nos libertés ? »

Personne n’est satisfait de cette situation, parce qu’évidement on aimerait bien que ce virus n’ait pas existé. On aimerait bien se serrer la main, s’embrasser, on aimerait bien se retrouver. D’ailleurs, on en a besoin ! C’est en ce moment la rentrée des étudiants. Nous savons que la vie étudiante, ce sont des formes de sociabilités mais nous sommes dans un contexte particulier qui nous oblige à faire différemment.

Là où je suis très préoccupé et gêné par rapport aux restrictions qui ont été annoncées – parce que ces restrictions elles sont prises par le ministre de la santé, c’est sa responsabilité ! – c’est l’absence de compensation, de soutien. Ces restrictions doivent être accompagnées d’un point de vue économique. Quand vous annoncez à un patron de salle de sport, que pendant 15 jours il est fermé et que vous ne lui garantissez pas le chômage partiel, le soutien, c’est dur. 

Le Premier ministre l’a dit. Il y a eu l’annonce, il y a 24 heures. Il faut qu’on parle de manière concomitante. Il ne faut pas rajouter des peurs. Il faut aujourd’hui dompter les peurs. Aujourd’hui, les aides économiques doivent être clarifiées.

Je pense, par exemple, à nos clubs sportifs, au Montpellier Hérault, au hand. Nous, on a essayé de dire : « il ne faudrait pas peut-être tomber à 1000, on a essayé de pousser ».

 

Justement, est-ce que à un moment donné, ou à un autre, vous avez été associé à la décision qui a été prise. On a le sentiment que malgré l’éloge que le Premier Ministre fait des territoires – c’est le mot qu’il n’arrête pas de prononcer – le gouvernement décide et les élus appliquent. 

Il est clair, qu’en matière de politique de santé, c’est le gouvernement qui décide. Donc quand on renvoie au territoire, c’est plutôt un concept. Nous avons eu hier une réunion en préfecture, nous avons fait part d’un certain nombre de réserves. Je prenais l’exemple des matchs de football, de hand, en disant, 1000 c’est rude, pour le modèle économique des clubs. Les enceintes sportives respectaient très bien les gestes barrière. On nous a opposé que la réglementation nationale se sera 1000. On aurait pu avoir une situation peut-être plus sévère sur les restaurants, on nous l’a fait comprendre ; il y a eu, un petit peu de discussion.

Ce qui apparait c’est qu’aujourd’hui – finalement qu’elle est la responsabilité de chacun ? – l’Etat dit : « on ferme à 22 heures les bars », la décision, elle, s’impose.

La question qui est la mienne : quelle est ma responsabilité en tant que Maire et celle des élus locaux ? C’est d’essayer d’accompagner tous les acteurs, qui sont aujourd’hui dans l’incertitude – on ne sait pas si certains clubs sportifs vont pouvoir maintenir leurs activités – d’où la semaine prochaine, une cellule téléphone, dédiée, pour pouvoir indiquer comment les choses se passent et surtout, la nécessité de se mobiliser pour soutenir l’activité économique et les associations, parce que ces modèles-là sont fragilisés.

Aujourd’hui, notre responsabilité, dans cette situation, c’est de garder notre sang-froid, c’est d’identifier chacun des problèmes et d’essayer d’accompagner d’une part et d’autre part, c’est de se protéger en respectant les gestes barrière.

Si nous ne faisons pas collectivement preuve de responsabilité, se seront des épreuves plus difficiles qui seront devant nous.

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