Discours d'hommage aux soldats, résistants ou déportés morts pour la France

6 juillet 2020

Discours prononcé par Michaël Delafosse, Maire de Montpellier, samedi 4 juillet 2020 devant le Monument aux morts de toutes les Guerres, Place de la Légion d’honneur, Esplanade Charles de Gaulle.

Discours MD

 

Monsieur le Sénateur,

Mesdames et Messieurs les maires,

Mesdames et Messieurs les élus,

Chers membres et présidents d’associations,

Chers porte-drapeaux,

Mesdames et Messieurs,

La politique est souvent une question de symboles.

Aujourd’hui, pour mon premier jour en tant que maire de Montpellier, j’ai souhaité me recueillir ici, avec les membres du conseil municipal nouvellement élus.

Je souhaitais avant toute chose rendre un hommage à nos porte-drapeaux.

Eux qui symbolisent le devoir de mémoire.

Eux qui incarnent les valeurs d’engagement, d’altruisme, de don de soi.

Eux qui sont des modèles pour nous tous par leur courage, leur détermination, leur bravoure.

Eux qui ont consacré leur vie aux autres au sein des forces armées, de police ou de gendarmerie nationale, des pompiers

Je tenais à ce que mes premiers mots soient pour eux, pour leur accorder l’hommage et la reconnaissance qu’ils méritent et tout simplement, au nom de toutes les Montpelliéraines et les Montpelliérains, leur dire merci.

Être présent aujourd’hui, ici, à proximité de l’esplanade Charles de Gaulle et déposer une gerbe aux Monuments aux morts de toutes les guerres, devant le Monuments aux Martyrs de la Résistance et devant la stèle commémorant l’appel du 18 juin, c’est avant tout rappeler que l’un des premiers rôles d’un maire est de savoir honorer sa Ville.

Je souhaitais en cette journée faite de symboles, honorer toutes les Montpelliéraines et les Montpelliérains qui ont perdu leur vie au cours des trop nombreuses guerres qui ont marqué l’histoire de notre pays.

Je souhaitais aussi penser à toutes celles et tous ceux qui sont morts en déportation ou en s’engageant dans la Résistance.

Nous savons ce que notre ville leur doit.

Alors que nous avons célébré, il y a quelques jours, les 80 ans de l’appel du Général de Gaulle, je souhaitais que nous ayons tous une pensée pour les nombreux Résistantes et les Résistants de Montpellier.

Vous savez tous que la plus célèbre photographie de Jean Moulin a été prise à quelques pas d’ici devant l’Aqueduc du Peyrou, aux Arceaux.

Cet appel du 18 juin a été peu entendu directement, mais il est devenu un symbole. Celui de la naissance de la Résistance, celui de l’Espoir.

Ce texte est fort. Il est mobilisateur. Alors que l’adversaire était triomphant, alors que la France s’apprêtait à signer l’Armistice avec l’Allemagne nazie, le Général de Gaulle prophétisait l’élargissement de la guerre à l’ensemble de la planète.

Pour lui cette période n’était qu’une défaite, ce ne pouvait en aucun cas être la fin de la guerre. « Le destin du monde est là. » proclame-t-il alors.

Ce texte est devenu un symbole car à ce moment précis de l’histoire, le peuple de France aurait pu tout entier sombrer dans le fatalisme, le découragement, la détresse.

En quelques mots, le Général de Gaulle a su incarner l’espoir et la nécessité de retrouver notre grandeur.

Lorsqu’il achève son allocution en affirmant que « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». Le Général de Gaulle est seul, il n’a pas de structure, pas d’organisation, pas d’armée.

Il a cependant déjà « une certaine idée de la France » et des convictions chevillées au corps et grâces à elles, il va réussir à fédérer des centaines de milliers d’hommes et de femmes qui vont se lever pour libérer leur patrie.

Aujourd’hui, à proximité de cette esplanade Charles de Gaulle, je ne pense toutefois pas qu’à un seul homme, je pense à toutes les femmes et les hommes qui ont répondu présent à son appel, toutes celles et tous ceux qui ont emprunté le chemin de la Résistance, qui se sont mobilisés pour libérer nos territoires, pour contrecarrer les desseins de l’Allemagne nazie et faciliter l’entrée en France des forces alliées.

Aujourd’hui nous pensons à eux, à tout ce que nous leur devons collectivement.

Comme le disait le Général de Gaulle, cette Résistance a eu « ses hauts, ses bas, ses erreurs et ses grandeurs, ses défaillances et ses triomphes, mais elle était unie et indivisible comme la France qu’elle représentait ».

Des personnalités d'exception, à l’image de celle du Général de Gaulle ou de Jean Moulin, vont se démarquer avec force dans cette période si sombre. Ils incarnaient la France avec toutes ses nuances, tous ses motifs.

Communistes comme Raymond Aubrac ou Henri Rol-Tanguy, socialistes comme Daniel Mayer et Pierre Brossolette, radicaux comme Georges Bidault, hommes et femmes de droite comme le furent Maxime  Blocq-Mascart  ou  Marie -Madeleine  Fourcade, tous étaient unis avec un seul but, une seule motivation : libérer la France.

Mais la Résistance n’a pas concerné que ces Grands Hommes honorés régulièrement par la République. Sur tous les fronts ce sont des milliers d'anonymes qui ont poursuivi le combat.

Beaucoup sont restés dans l’ombre sans reconnaissance de la Nation.

Nous pensons à eux aujourd’hui et à tous ceux qui nous ont montré que, même quand tout paraît perdu, il ne faut pas céder au désespoir et que le redressement est toujours possible quand on ne se résigne pas.

Un message qu’il faut continuer de faire vire, qu’il faut continuer de transmettre notamment aux plus jeunes que l’on devra toujours associer davantage à nos commémorations.

Lucie Aubrac, le disait « Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent ». C’est une valeur qui doit savoir traverser le temps et qui doit continuer de nous guider.

Si je tenais aujourd’hui à rendre hommage à tous ces héros de la Résistance mais aussi plus globalement à tous ceux qui sont morts pour la France, c’est parce qu’ils se sont battus pour nos valeurs, pour que la France soit cette terre de liberté, d’égalité et de fraternité.

Je voudrais d’ailleurs avoir un mot pour le dernier des Montpelliérains mort pour la France, pour Ronan Pointeau. Lui qui à 24 ans était brigadier au sein du prestigieux 1er régiment de Spahis. Lui qui a été la victime d’une attaque contre les forces françaises présentes au Mali pour nous protéger du terrorisme. Nous pensons aujourd’hui à lui, à sa famille et à tous ceux qui sont engagés dans ces opérations extérieures pour garantir, ici, notre sécurité.

Toutes ces femmes et ces hommes qui au passé comme au présent se battent pour nous offrir le plus précieux des trésors, la paix.

Grâce à eux, nous, ma génération et celle de mes parents, n’avons pas connu la guerre. Nous avons connu la paix, la construction de l’union européenne et la réconciliation franco-allemande.

Cher Hussein Bourgi, je tenais d’ailleurs à vous dire que vous pouvez informer Carole Delga que la Ville de Montpellier ne manquera aucun rendez-vous de la prochaine édition de la quinzaine Franco-Allemande en Occitanie.

Pour les femmes et les hommes de ma génération, la paix, nous l’avons reçu comme un talisman, comme un graal.

Pour chacun d’entre nous, le premier des devoirs est de faire que cette paix perdure, qu’elle s’impose partout et que jamais l’on oublie son prix et son caractère si précieux.

C’est pourquoi, j’ai souhaité, aujourd’hui, avoir autour de moi le Conseil Municipal.
Ces femmes et ces hommes engagés qui endossent aujourd’hui cette belle et lourde responsabilité d’être le premier rempart contre la folie des hommes qui a mené à tant de guerres, aux pires horreurs, aux ténèbres.

Nous le savons, la paix n’est pas un acquis. C’est un combat permanent, une lutte de chaque jour, un engagement sans fin.

Cet engagement tient en un mot, la coopération.

Coopération entre les êtres, entre les peuples, entre les territoires.

Co-opérer. Coopérer c’est agir conjointement, travailler de concert, penser l’avenir ensemble.

Cette coopération, c’est la clé de la paix. Une paix que nous devons à nos enfants pour qu’à leur tour, ils puissent la transmettre comme l’héritage dont ils seront les plus fiers.

Cette paix passe par un combat de chaque instant contre le racisme et l’antisémitisme, contre le rejet de l’autre et le repli sur soi.

Chacun d’entre nous peut agir pour faire perdurer la paix. Agir pour faire triompher la tolérance sur la défiance, le vivre ensemble sur le chacun pour soi, la cohésion sociale sur le monde des clans et des communautarismes.

Je sais qu’ensemble tout cela est possible.

Je sais que chacun d’entre nous sera mobilisé pour faire de Montpellier une ville modèle en matière de coopération, de vivre ensemble et de fraternité.

Une ville apaisée résolument tournée vers l’avenir, une ville qui n’a pas peur d’être optimiste et d’affirmer, comme le faisait Victor Hugo en son temps, que le bonheur va triompher et que l’avenir sera toujours plus radieux.

Merci à tous chers porte-drapeaux, Mesdames et Messieurs les membres et responsables d’associations, Mesdames et Messieurs les élus, chers citoyennes et citoyens engagés, de ne jamais reculer face aux obscurantismes, de ne jamais accepter les inégalités et les injustices, de ne jamais cautionner les propos haineux, de rejets de l’autre et de faire bloc, de faire front commun pour faire triompher nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Ces valeurs qui sont notre rempart contre la barbarie.
Ces valeurs qui sont notre ciment.

Ces valeurs qui sont notre plus bel héritage et notre plus grande fierté.

Vive Montpellier.

Vive la République.

Vive la France.

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