Pour une ville zéro déchet, pour une ville propre

12 juin 2020
Pour une ville zéro déchet, pour une ville propre

Vendredi 12 juin 2020, la liste « Montpellier Unie » a présenté lors d’une conférence de presse sa stratégie en matière de propreté et de traitement des déchets : « Pour une ville zéro déchet, pour une ville propre ». Elle s’est déroulée en présence de Michaël Delafosse, tête de liste, et de plusieurs colistiers : François Vasquez, spécialiste du traitement des déchets, Catherine Ribot, professeur de droit, spécialiste du droit de l’environnement, Coralie Mantion, porte-parole d’EELV et numéro 2 sur la liste et Sébastien Côte, membre d’un comité de quartier.

Les politiques de gestion des déchets et la propreté sont intimement liées. Nous ne pourrons pas régler les problèmes de propreté à Montpellier, si nous n’avons pas préalablement réglé les problèmes de déchets, et ils sont nombreux.

Pour faire face à la fermeture sans aucune anticipation de la décharge de Castries, il n’y aura qu’une seule solution lancer une démarche vertueuse de gestion des déchets, une politique pour un territoire « Zéro déchets ».

La démarche “zéro déchet, zéro gaspillage” vise à réduire la production de tous les flux de déchets, y compris les recyclables, afin de préserver au mieux les ressources des territoires et les pollutions induites par les activités de production et le traitement des déchets, elle constitue la seule solution pour réduire le coût exorbitant de l’exportation des déchets qui représente dix millions d’euros de dépenses annuels pour le contribuable.

C’est une politique globale qui se divise en plusieurs chapitres, tous basés sur une logique d’écologie positive avec des mesures incitatives et une vraie action de la collectivité pour faciliter cette gestion des déchets pour les Montpelliéraines et les Montpelliérains. Un grand plan d’actions qui mobilisera tous les leviers de l’action publique en faveur de la réduction des déchets :

  • Généralisation du tri à la source avec la collecte séparée des bio déchets
  • Structuration d’un réseau de compostage de proximité
  • Déploiement de ressourceries/recycleries en partenariat avec le tissu associatif
  • Plan zéro plastique et sortie du jetable (notamment suppression des plastiques dans les cantines et restaurations collectives, charte pour l’événementiel, la restauration)
  • Lutte contre le gaspillage alimentaire (mise en place de collecte d’invendus auprès des professionnels pour approvisionner notamment des associations, sensibilisation, entre autres)
  • Utilisation de textiles sanitaires réutilisables (exemple : utilisation de couches lavables dans les crèches)
  • Accompagnement des entreprises de l’économie circulaire (exemple : soutien au développement de la vente en vrac et des artisans de la réparation)
  • Formation des différents publics concernés, des agents des collectivités, et surtout mettre en place un enseignement dès l’école et durant toute la scolarité

 

La première priorité est celle de réduire les déchets

S'attaquer au plastique et aux emballages jetables semble loin des compétences des collectivités locales. Pourtant, il est possible d’agir de manière très concrète.  Nous pouvons d’ailleurs souligner trois exemples : celui de la Communauté d'agglomération du territoire de la côte Ouest (La Réunion) qui a supprimé l'essentiel de la vaisselle jetable au sein de ses services ; celui de la ville de Rennes qui a limité par arrêté l'utilisation de plastique jetable dans l'espace public lors de la fête de la musique ou encore celui de la ville de Paris où pour faciliter l’accès au vrac la ville a lancé un appel à projet dédié à ce type de commerces.

Afin de faire de Montpellier une ville modèle en la matière, nous prenons l’engagement de :

  • Réduire l'usage du jetable au sein des services en modifiant les politiques d’achats au profit de solutions réutilisables
  • Prendre des arrêtés limitant le recours au jetable sur le domaine public (événementiel, restauration, secteur touristique) 
  • Renforcer la politique de tri et privilégier l’économie circulaire 
  • Multiplier par deux la collecte de tri dans le centre-ville
  • Soutenir les alternatives locales, en facilitant l'accès à l'eau potable sur l'espace public, et en soutenant le retour de la vente en vrac ou des dispositifs de consigne.

 

Une nécessité absolue : trouver une solution pour les biodéchets

Dans cette stratégie zéro déchets, il est nécessaire de prendre en compte la question des biodéchets. Les déchets organiques constituent environ un tiers des ordures résiduelles enfouies ou incinérées. Les collectivités ont une responsabilité de premier ordre pour encourager les foyers au compostage domestique (distributions de composteurs, formations). Il faut, par ailleurs, essaimer les points de compostage collectif, et accompagner les usagers au montage des projets comme celui récemment installé à Boutonnet. Il est également indispensable de développer la collecte des bio déchets en porte à porte.

Là encore, Montpellier doit devenir un territoire innovant en la matière. Rejoindre les villes modèles comme Milan ou Parme qui ont déployé un grand programme en la matière et réduit les déchets de près de 100 kilos par an et par habitant. A l’échelle de Montpellier cela représenterait 30.000 tonnes de déchets par an.

Beaucoup de villes françaises se sont lancées dans cette réduction des biodéchets c’est le cas de Lorient, ou sur le territoire de la Communauté de communes de Thann Cernay. Le Sybert ( situé dans l’agglomération de Besançon) fournit également un appui très actif au lancement de composteurs en pied d'immeuble (plus de 300 sont dénombrés)

La redevance incitative, un outil d’écologie positive pour vraiment réduire ses déchets

La plupart des collectivités dites "performantes" sont celles qui, entre autres actions, ont mis en place une tarification incitative des déchets. Elle consiste à asseoir une partie de la facture des usagers sur la quantité de déchets produite, le poids et/ ou le volume.

 Selon les retours d'expérience, elle produit des effets notables en trois à quatre ans, et une diminution de 20% à 70% des ordures résiduelles est observée. Les entreprises sont également concernées par les dispositifs de redevance spéciale, qui permettent de les responsabiliser et d'optimiser le tri.

Afin de faire en sorte que cette redevance soit un outil de l’écologie positive, elle sera installée dans un premier temps sans impact sur le montant réel payé par les foyers, juste à titre indicatif. Puis après une « année blanche », nous adopterons le principe simple : « moins je jette, moins je paie ».

La concertation avec les habitants, directement concernés, est primordiale. Nous discuterons avec eux des fréquences de la collecte, de la volumétrie des bacs, des dispositifs de réduction des déchets, des modalités de collecte des déchets alimentaires, de la lutte contre les incivilités. Ce sont des préalables nécessaires afin d’établir les bonnes conditions de mise en œuvre de cette tarification incitative.

Phasage de la mise en place

  • Année 1 : distribution du matériel de tri et des bacs pucés + ambassadeur du tri pour expliquer aux Montpelliérain-es comment mieux trier
  • Année 2 : facturation à blanc pour que les habitant-es se rendent compte de ce qu’ils jettent et de ce que ça coute.
  • Année 3 : mise en place de la tarification incitative.

 

Créer une culture du réemploi pour favoriser la seconde vie des objets plutôt que les transformer en déchets

Nous faciliterons :

  • l'émergence de lieux permettant le réemploi et la réutilisation des objets, comme les ressourceries (accès au foncier, attraction de structures existantes par essaimage, financement, visibilité)
  • l'accès au gisement (zones de dons en déchèterie par exemple).

De grandes villes comme Lyon ou Besançon ont créé des "zones de réemploi" au sein de leurs déchèteries afin de faciliter l'accès aux gisements par le secteur du réemploi.

Des projets comme la "déchèterie à l'envers" (Smicval Market) permettent également de populariser la seconde main. D'autres collectivités comme Romainville ou le SIOM de la Vallée de Chevreuse ont impulsé leur propre projet de ressourcerie en l'absence de porteurs de projets.

 

Développer une commande publique vertueuse en la matière

  • Les achats publics sont un levier, dans les spécifications techniques des cahiers des charges et critères de notation, pour réduire notoirement le recours au jetable (par ex. les barquettes jetables dans les cantine scolaires). L'anticipation des achats très en avance permet de mieux influer sur le cahier des charges, par exemple en exigeant des candidats des durées de garantie plus importante, des approvisionnements durables, ou le bannissement de certaines pratiques (bouteilles d'eau par exemple).
  • Intégrer des travaux d’intérêt général dans la clause sociale de chaque marché public

L'Eurométropole de Strasbourg devrait, d'ici à 2022, éliminer les barquettes en plastique dans les cantines.

 

Une ville plus propre grâce à une politique pensée globalement

La politique de collecte des déchets ménagers sera le socle de celle relative à la propreté de la ville.

Cette politique mettra la priorité sur une sensibilisation accrue et un matériel adapté de mobilier urbain notamment, avec 3 axes majeurs :

  1. Sensibilisation accrue
  2. Service renforcé et adapté
  3. Verbalisation accentuée après la phase de sensibilisation.

Les principales mesures / actions :

  • Identifier un cantonnier par secteur responsable de la propreté et du nettoyage de son périmètre. Afin d’assurer un service de proximité, nous identifierons un responsable par secteur qui sera chargé des missions de propreté, de nettoiement des espaces publics et des collectes des déchets.
  • Une application pour signaler les dégradations et les incivilités sur la voie publique afin d’être le plus réactif possible. Les petites dégradations, les incivilités, le manque de propreté des espaces publics, les encombrants qui ne sont pas collectés… ; tous ces désagréments du quotidien participent au sentiment d’insécurité. Il est nécessaire d’y remédier le plus tôt possible, tant qu’ils sont peu nombreux et avant qu’ils ne s’accumulent, en réparant, nettoyant, évacuant, etc. ce qui doit l’être. Aujourd’hui , pour signaler les désagréments sur la voie publique concernant le cadre de vie, la propreté, … il faut soit appeler un numéro de téléphone soit remplir un formulaire sur internet auprès du Service Montpellier au Quotidien. Nous proposerons la mise en place d’une application pour smartphone qui facilitera grandement la remontée d’information, grâce à la géolocalisation, et qui permettra également aux citoyens de suivre les étapes de traitement de leurs réclamations dans les délais les plus rapides possibles.

 

Et aussi :

  • Création d’un observatoire de la propreté́ publique : il permettra d’évaluer l’évolution de la propreté́ par quartier en lien avec les acteurs du territoire.
  • Opération « ma rue propre » : une fois / an, quelques rues seront choisies en concertation avec les commerçants et habitants. Opération nettoyage de fond en comble.
  • Mise en place d’un plan zéro mégot : avec la participation des cafés et des bars, distribution de cendriers de poche, installation de cendriers urbains. Installation de cendriers ludiques / cendriers de « sondage urbain ».
  • Lutte contre les déjections canines : Extensions des distributeurs extérieurs de sacs canins avec papier bio dégradable / Création d’espaces canins / Obligation de détenir un sac en prévention / Verbalisation: Amende + nettoyage majoré.
  • Lutte contre les dépôts sauvages : Cartographie des points noirs par quartiers / Équipements supplémentaires dédiés à la collecte de certains flux.
  • Renforcement de l’action de la brigade de propreté : mission de médiation, sensibilisation et verbalisation.
  • Mise en place d’une application de géo-localisation permettant de signaler les décharges sauvages et les points de collecte saturés.

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